S'il y a bien un endroit où l'on a préparé la Dictada occitana de ce jour, c'est bien lors des cours d'occitan du Centre del Pais Castrés. Les débutants sont très motivés pour leur première.
Trois jours par semaine, le soir venu, des silhouettes pressées filent dans la pénombre de la rue du Consulat. Pressées d'apprendre ! Petit cahier dans la main, crayon et gomme dans la poche, dico aléatoire dans la tête... les «petits» élèves du Centre occitan del Pais Castrès rejoignent leurs chaises. Le mercredi soir, normalement le jour de repos des potaches et de leurs enseignants, ils sont une dizaine à se retrouver pour assimiler, ou retrouver pour certains, leurs premiers mots d'occitan.
Trois cours par semaine
Il s'agit du cours de «lenga nostra» destiné aux «débutants». Celui proposé aux «confirmés» se tient le jeudi tous les quinze jours sous la houlette de Thomas Guillaume ; les «intermédiaires» ont eux aussi droit à un cours par semaine en compagnie de Bernard Vernières.
Quant à nos «débutants», depuis trois ans maintenant, ils sont accueillis par Yvette Dedieu… qui, durant sa carrière professionnelle, enseignait l'anglais (au lycée Notre-Dame).
«Jeune, je comprenais… mais, j'avais beaucoup perdu faute d'utiliser la langue, indique Jacky, l'une des élèves assidus. De toute façon, je ne savais ni lire ni écrire l'occitan. C'est très frustrant.»
«Moi, bien que née à Castres, ma famille est originaire d'Espagne, nous dit Marie-Christine. La langue d'oc n'avait pas lieu d'être. C'était le castillan. Par contre, mes voisins parlaient occitan entre eux. Arrivée à la retraite, ma curiosité intellectuelle pourra enfin être assouvie…»
«La plupart du temps, mon fils de 13 ans vient avec moi ; il aime cette langue, indique pour sa part Luc, un agriculteur de 49 ans installé à Serviès. Je voulais connaître cette langue présente partout, dans les lieux, les noms de famille, l'histoire… Les échanges entre certains agriculteurs. Je suis originaire de Normandie, et, pire, mes grands-parents étaient belges (Ndlr : rires).»
Au tableau une dictée vient d'être écrite par un élève. «J'ai été très surprise. Pas de faute, dit Yvette. Je suis optimiste pour samedi.» Tous en effet - évidemment - vont participer à la Dictada occitana. Pour le plaisir. Pour la beauté du mot.
Interdit à l'école
«La langue, c'est un moyen de participer à l'expression de la vie locale», souligne Roger, l'ancien du groupe (74 ans). Et l'ingénieur à la retraite de rappeler : «A l'école, on nous interdisait de parler patois, comme on disait. Mais, j'y baignais. C'est notre culture, nos traditions. On se réapproprie des racines. Aussi, cela me plaît beaucoup de la redécouvrir.»
Huguette, ex-professeur d'EPS, avoue qu'il lui reste «difficile de s'exprimer en occitan, mais qu'elle le comprend mieux.» Quant à Odile, une ancienne collègue d'Yvette, elle se déclare ravie d'approfondir une langue qui, après tout, est la sienne. «On ne nous parlait pas en Oc à nous, mais autour de nous. Et puis, ne dit-on pas que ceux qui apprennent des langues vieillissent mieux ?» ajoute-t-elle.
Voilà en tout cas un groupe qui à coup sûr va bien mûrir pour passer sans problème l'an prochain au cours supérieur !
Source presse local
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